Qualités possédées par un Dahi qui ordonne le bien et interdit le mal

1. Ikhlas (sincérité) – car ordonner le bien et interdire le mal devient une action agréable à Allah et acceptée par Lui seulement si elle est faite avec sincérité pour Lui.

2. ‘Ilm (connaissance) – comme Allah l’ordonne :

قُلْ هَٰذِهِ سَبِيلِي أَدْعُو إِلَى اللَّهِ ۚ عَلَىٰ بَصِيرَةٍ أَنَا وَمَنِ اتَّبَعَنِي ۖ وَسُبْحَانَ اللَّهِ وَمَا أَنَا مِنَ الْمُشْرِكِينَ ﴿١٠٨﴾‏

Dis : « Tel est mon chemin, j’appelle Allah en toute connaissance de cause. » [Sourate Yusuf (12) : Verset 108]

C’est une condition importante car le Dahi doit savoir ce qui est bien, alors il l’ordonne, et ce qui est mal, alors il l’interdit. Dans al-Amar d’Ibn Taymiyyah, il est indiqué qu’il est nécessaire de posséder la connaissance du bien et du mal et de la différence entre les deux, et il est nécessaire de connaître la situation de la personne à qui on ordonne ou interdit.

3. La sagesse (Hikmah) – c’est-à-dire dire ou faire la bonne chose de la bonne manière, au bon moment et à la bonne personne, comme l’a prescrit Allah dans Sa parole :

Appelle au chemin de ton Seigneur avec sagesse et par de belles exhortations.

Allah dit :

ادْعُ إِلَىٰ سَبِيلِ رَبِّكَ بِالْحِكْمَةِ وَالْمَوْعِظَةِ الْحَسَنَةِۖوَجَادِلْهُم بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُۚإِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَن ضَلَّ عَن سَبِيلِهِۖوَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ ﴿١٢٥﴾‏

 Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.

[Sourate an-Nahl (16) : Verset 125]

Ibn Taymiyyah a écrit : Enjoins le bien d’une bonne manière et n’interdis pas le mal d’une mauvaise manière.

  1. 4. La patience (Hilm) et la douceur (Rifq) – surtout face à l’opposition des gens. Comme Allah l’a dit à Son Messager (sallallahualayhi wasallam) :

﴿ فَبِمَا رَحْمَةٍ مِنَ اللَّهِ لِنْتَ لَهُمْ وَلَوْ كُنْتَ فَظًّا غَلِيظَ الْقَلْبِ لَانْفَضُّوا مِنْ حَوْلِكَ فَاعْفُ عَنْهُمْ وَاسْتَغْفِرْ لَهُمْ وَشَاوِرْهُمْ فِي الْأَمْرِ فَإِذَا عَزَمْتَ فَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الْمُتَوَكِّلِينَ (159)

C'est par quelque miséricorde de la part d'Allah que tu (Muhammed) as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d'Allah). Et consulte-les à propos des affaires; puis une fois que tu t'es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance.

[Surah al-Imran (3): Ayah 159]

Aïcha a rapporté : Le Prophète (paix et bénédictions d'Allah sur lui) a dit :

إِنَّ الرِّفْقَ لَا يَكُونُ فِي شَيْءٍ إِلَّا زَانَهُ وَلَا يُنْزَعُ مِنْ شَيْءٍ إِلَّا شَانَهُ

En vérité, la bonté ne se trouve en rien sans l'embellir, et elle ne s'éloigne de rien sans le déshonorer..

Source: Ṣaḥīḥ Muslim 2594, Grade:Sahih

2. Sabr (Patience) – car les gens à qui l’Appel s’oppose en ordonnant le bien et en interdisant le mal, peuvent s’obstiner à son appel et même essayer de lui faire du mal.

Ibn Taymiyyah dit dans al-Istiqaamah, à propos de l’appel au bien et à l’éloignement du mal : La connaissance doit le précéder, la douceur doit l’accompagner et la patience doit le suivre. Cheikh al-Humaid, le professeur de Cheikh Ibn Baz, a dit, dans une explication de la sourate al-‘Asr, qu’Allah fait un serment que l’humanité sera dans un état de déficience, sauf dans quatre conditions, qui sont :

(a) l’iman,(la foi) (b) les bonnes actions, (c) s’encourager mutuellement à la vérité, ce qui signifie ordonner le bien et interdire le mal, et (d) s’encourager mutuellement à la patience, ce qui est requis après l’ordre du bien et l’interdiction du mal.

De plus, chaque personne aura un niveau de déficience en fonction du niveau de manque de l’une de ces quatre conditions.

1. Tawaadu’ (humilité) – car les gens ne prêteront pas attention si l’appelant est arrogant ou cherche à se placer au-dessus des autres.

2. Qudwah (bon exemple) – car l’appelant lui-même devient un modèle pour les gens à qu’il appelle, faisant ce qu’il ordonne et délaissant ce qu’il interdit. Allah dit :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِمَ تَقُولُونَ مَا لَا تَفْعَلُونَ ﴿٢﴾‏ كَبُرَ مَقْتًا عِندَ اللَّهِ أَن تَقُولُوا مَا لَا تَفْعَلُونَ ﴿٣﴾‏

Ô vous qui croyez ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C’est une chose très détestable pour Allah que vous disiez ce que vous ne faites pas.

[Sourate as-Saff (61) : Versets 2-3]

3. Husnul-Istimaa’ (bonne écoute) – c’est-à-dire que l’appelant est attentif aux besoins et aux sentiments ainsi qu’aux plaintes des gens qu’il appelle.

  1. 4. Shajaa’ah (courage) – qui ne fait pas référence à la force du corps, mais plutôt à la force du cœur, ainsi qu’à la connaissance – cela fait la différence entre le vrai courage et la simple témérité.Karam (Générosité ).

Les leçons

:Les savants disent qu’avant d’utiliser la main, il faut commencer par conseiller les gens, les avertir des conséquences du mal et les encourager et les motiver à faire de bonnes actions. Une fois cette méthode pleinement utilisée et qu’il n’y a aucun changement chez les gens, il est alors permis d’utiliser la main.
L’imam ash-Shatibi dit que le prédicateur doit prévoir les conséquences de ce qu’il dit ou fait, que ce soit avec la main ou par la langue.
S’il est très probable que, suite à sa tentative de changer le mal, le prédicateur lui-même ou une autre personne sera blessé, alors il n’est plus obligé de changer la situation. Ici, le mal ne fait pas référence aux insultes ou aux malédictions, mais aux blessures physiques telles que le fait d’être battu ou tué. Le mal peut également signifier qu’une mauvaise réputation est répandue concernant le prédicateur. Ibn Qudaamah inclut également la perte financière, immédiate ou ultérieure, d’un montant que le prédicateur ne peut pas se permettre.
Les gens diffèrent dans leur capacité à changer les choses ; en général, plus quelqu’un est haut placé dans son rang ou son autorité, plus il a la responsabilité d’éliminer le mal.
Il est important de rappeler également que nous devons nous efforcer de prévenir ou d'avertir des mauvaises actions ou paroles, comme l'a mentionné le Prophète (saws).

Huthaifah qu'Allah l'agrée a rapporté : Le Prophète sallallahu 'alayhi wa sallam (qu'Allah l'agrée) a dit : « Par Celui qui détient ma vie entre Ses mains, soit vous ordonnez le bien et interdisez le mal, soit Allah vous enverra certainement bientôt Son châtiment. Alors vous ferez des invocations qui ne seront pas acceptées. » [At-Tirmithi]". [At-Tirmithi]

Principes de l’Inkaarul-Munkar (Interdire le mal)

1. Donner la priorité au plus grand mal, en commençant par le plus important avant le moins important.

2. Tadarruj (Être progressif). Notez la méthode graduelle par laquelle Allah a interdit la consommation de vin : tout d’abord, en disant qu’il y avait des avantages et des inconvénients, mais que les inconvénients l’emportaient sur les avantages ; deuxièmement, en interdisant aux gens d’approcher la prière en état d’ébriété ; et enfin, par une interdiction totale. Cette méthode étape par étape ne signifie pas que le vin n’était pas interdit au début, mais c’est une méthodologie dont nous pouvons tirer profit.

3. Ne pas rechercher les défauts des gens. Qadi Abu Ya’laa a noté une exception à ce principe, qui se produit lorsqu’il existe des indices ou des informations indiquant qu’un mal est en train de se produire ou est sur le point de se produire. Ainsi, on peut être en mesure d’empêcher un mal, comme un meurtre ou un viol, de se produire en suivant les informations.

4. Établir que le mal est effectivement en train de se produire.

5. Choisissez un moment propice pour interdire le mal.

• L'appeleur ne doit pas attendre que le mal soit terminé.

• L'appeleur doit exploiter les situations dans lesquelles les gens sont plus susceptibles de répondre à son appel, par exemple lorsque Yusuf, alayhi salam, a parlé à ses compagnons en prison du monothéisme alors qu'ils étaient troublés par leurs rêves. Ibn Masoud a dit à ce propos :

En vérité, le cœur a des moments de désir et de réactivité

Et des moments d'indifférence et de détournement

Alors, saisissez-le au moment du désir et de la réponse

Et abandonnez-le au moment de l'indifférence et du détournement.

1. Parlez en privé, comme l'a écrit l'imam ash-Shafie :

Venez me donner vos conseils quand je suis seul

2. Et ne me conseillez pas dans la foule

Parce que les conseils parmi les gens sont une réprimande

Et je n'aime pas les entendre à haute voix

Alors si vous me désobéissez et ne tenez pas compte de mes paroles

Ne vous sentez pas triste si vous n'êtes pas suivi.

N'incitez pas les gens et ne les provoquez pas, mais utilisez un bon argument, comme Allah le dit :

﴿ ادْعُ إِلَى سَبِيلِ رَبِّكَ بِالْحِكْمَةِ وَالْمَوْعِظَةِ الْحَسَنَةِ وَجَادِلْهُمْ بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَنْ ضَلَّ عَنْ سَبِيلِهِ وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ(125)


Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.
[Surah an-Nahl (16): Ayah 125]

L’imam Ghazali a écrit : « Ne transmets pas la vérité de manière provocatrice. »

1. Montre du pardon et de la bonté envers les gens, et ne te laisse pas influencer par l’inquiétude ou la colère si les gens réagissent négativement au conseil.

2. Si une divergence d’opinions survient à la suite d’un ijtihad, alors le prédicateur qui a une opinion ne doit pas interdire l’autre opinion.

3. Peser les principes des avantages et des inconvénients, comme l’a écrit Ibn Taymiyyah dans al-Amar : « Si ordonner le bien et interdire le mal doit entraîner un mal plus grand, alors il est haram de le faire. Ordonner le bien ne doit pas conduire à l’omission d’une meilleure action et interdire le mal ne doit pas conduire à l’apparition d’un mal plus grand.

Ibn Rajab affirme que le fait d’ordonner le bien et de décourager le mal est motivé par différentes raisons :

1. Cela peut être par l’espoir de la grande récompense d’Allah pour l’avoir fait.

2. Cela peut être par crainte du châtiment d’Allah pour avoir renoncé à cette obligation.

3. Cela peut être par agacement en voyant des violations de ce qu’Allah a prescrit.

4. Cela peut être dû à la fidélité envers les membres de la communauté qui se livrent au mal et en étant gentil et miséricorAllahx envers eux en faisant l’effort de les épargner de la colère, du mécontentement et du châtiment d’Allah dans cette vie et dans l’au-delà.

5. Cela peut être en glorifiant Allah et en L’aimant beaucoup, car Il mérite d’être obéi, rappelé et remercié.

L’observation des deux derniers motifs à elle seule peut rendre le fardeau de l’accomplissement de cette obligation léger et favorable et donnera au conducteur suffisamment de potentiel pour minimiser toute difficulté ou épreuve qu’il pourrait rencontrer.


Commentaires:

 

La dernière partie du hadith indique clairement que le moins que puisse faire un musulman lorsqu’il est témoin d’un acte maléfique est de le changer par son cœur. Cela signifie qu’il doit détester le mal qu’il rencontre. C’est un acte du cœur, comme dire : « Ô Allah, je ne peux rien faire pour changer cette mauvaise situation que Tu détestes et désapprouves, sauf que je déteste qu’elle se produise. Je n’y consens pas. Ô Allah, pardonne-moi, guide-moi et préserve mon cœur pour qu’il ne soit pas influencé par elle. »

Si cet acte du cœur n’est pas pratiqué, le cœur du croyant qui est témoin de ce mal sera sujet à être influencé par ce mal. Une tache sombre sera placée dans ce cœur (comme indiqué dans un autre hadith rapporté par al-Bukhari).

Avec la répétition de telles attitudes négatives, le cœur sera sujet à davantage de taches sombres placées en lui jusqu’à ce qu’il soit caché et n’apprécie plus ce qui est bon et n’aime plus ce qui est mauvais ou maléfique. Cela signifie que le musulman qui ne pratique pas le plus bas niveau d'interdiction du mal, est lui-même susceptible de devenir un malfaiteur.

 

Il est vrai que nous avons besoin de frères et sœurs musulmans hautement instruits et efficaces dans tous les domaines de la connaissance et des pratiques professionnelles. Mais ce dont nous avons encore plus besoin, c'est d'une base consciente.